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Parution : 01/12/1995
Editeur : Detrad aVs
ISBN : 2.905.319.09.7
EAN13 : 9782905319098
Format : 16 cm x 24 cm
Nb pages : 164
Préface
De tous temps, les sociétés secrètes ou dites telles, ont été la cible favorite des accusations et persécutions les plus diverses et dont l’origine a été la jalousie comme la méconnaissance la plus grossière qu’on puisse en avoir.
De tous temps aussi, les régimes totalitaires ou dictatoriaux n’ont jamais pu tolérer l’existence de sociétés de pensée dont l’essence même reste de lutter contre l’asservissement moral et intellectuel et d’agir dans le sens de l’amélioration matérielle et morale de l’humanité.
La Franc-Maçonnerie devait hélas occuper une place de choix dans la vindicte du régime National Socialiste. L’acharnement diabolique des nazis pour l’anéantir n’a guère de précédent.
Dans Mein Kampf aussi bien que dans divers propos tenus par Hitler (il faut relire “Hitler m’a dit” d’Hermann Rauschning), le Fûhrer montrait sans ambiguïté le sort qu’il réserverait précisément à la Franc-Maçonnerie. Quels furent les esprits assez clairvoyants pour percevoir à temps le danger mortel qui allait rapidement planer sur elle?
Le régime nazi et, juste avant lui, des pamphlétaires comme Ludendorff et sa femme, avaient rendu la Franc-Maçonnerie côupable de la défaite de 1918 et l’avaient accusée de tous les maux et malheurs survenus à l’Allemagne. Rosenberg et toute une clique de pseudo-philosophes imitèrent cet exemple et l’amplifièrent.
En Allemagne, comme en France en 1940, un seul responsable de la défaite : la “conspiration internationale judéo-maçonnique”, le “complot des puissances supranationales”, à savoir “la juiverie”, les anglo-saxons, “les puissances de l’argent”. Vichy reprendra mot pour mot les slogans hitlériens, ni plus ni moins.
Et lorsque, un soir de juin 1 940, les commandos de Knochen, Rosenberg, Himmler et Heydrich pénètrent secrètement dans Paris à l’insu de la Wehrmacht et à son grand courroux a posteriori et investissent les Loges parisiennes, ils ne font qu’appliquer un plan soigneusement concerté en Allemagne et exécuter la “générale” de la répétition qui eut lieu en Allemagne de 1931 à 1935 : l’anéantissement total de la Franc-Maçonnerie allemande consommé le 8 août 1935.
La délation, la dénonciation dans et par la population avaient, certes, efficacement aidé la police d’Himmler qui quadrillait tout le territoire allemand.
Et les commandos d’Himmler précédaient toujours l’avance de la Wehrmacht dans les territoires occupés. L’Etat-Major spécial (Einsatzstab) du Reichsleiter Rosenberg était chargé de la sinistre tâche de détruire les Loges et pourchasser les Francs-Maçons.
Mais ce qui est frappant, c’est l’action du gouvernement de Vichy. Jamais, dans un territoire occupé, le nazisme n’avait rencontré pareille aide, collaboration, organisation systématique et “scientifique” de la part d’un gouvernement, comme en France. Jamais pareil acharnement ne s’est rencontré à cette époque même dans des pays comme l’Autriche à vouloir anéantir tout ce qui était juif et Franc-Maçon, l’un et l’autre ne faisant qu’un pour leurs ennemis.
C’est ce que Lucien Botrel fait clairement ressortir à l’aide d’informations souvent inédites, puisées aux meilleures sources celles du vécu. Et sans emphase, avec sobriété et mesure.
Nulle part de désir de revanche une description objective et sans passion des faits et des hommes.
De ceux qui savent, Lucien Botrel ne dit justement que ce qu’il faut, tout imprégné de la relativité des êtres et des choses.
D’aucuns diront: encore un ouvrage sur la Franc-Maçonnerie et la guerre, alors même que le sujet semblait avoir été épuisé ou presque par des auteurs sérieux comme Dominique Rossignol, Daniel Ligou, Maurice Vieux.
Mais il me semble que le livre de Lucien Botrel servira de référence historique sérieuse. A plusieurs titres. D’abord parce qu’il a eu accès à des archives dont un certain nombre ne peuvent encore être publiées, parce qu’il a retracé l’existence tragique de Maçons connus et inconnus.
Mais surtout parce qu’il a plongé un regard pénétrant et averti sur les hommes et les faits : le regard intérieur.
Même quarante ans après, il ne saurait y avoir prescription pour la mémoire, l’injustice et la chair blessée.
Didier LE MASSON